La piste est une vieille passion qui remonte à l’époque où les Rousseau, Gané et Tournant étaient les maîtres du monde en la matière, tout comme aux JO où Rousseau s’est permis d’aller rejoindre ses pairs Morelon et Trentin (vous vous imaginez faire du tandem sur piste… ?!! Eux le faisaient… Discipline des JO aujourd’hui disparue).
Sans compter que Felicia Ballanger a quant à elle tout remporté en 2 olympiades comme Rousseau, bref, the King and the Queen of the world !
Le format piste à la TV, c’est tout le contraire d’une étape de plaine du Tour de France, inutile de parler des églises cisterciennes de France, on ne sait où donner de la tête tellement cela va vite niveau enchaînement des épreuves et rythme sur la piste; c’est encore plus vrai dans la gradins, la clameur du public en plus dans une arène surchauffée…
Lors des championnats du monde organisés en 2015, j’ai pu réaliser ce vieux rêve de voir des épreuves en ‘live’, ne restait plus qu’à passer mon baptême pour boucler la boucle…
J’ai donc profité d’être consultant au Technocentre Renault à Guyancourt pour motiver une poignée de collègues cyclo (voire pas, mais avides de sensations fortes) pour les convier un soir de la semaine à un baptême lors du mois de juillet 2017.
Il faut juste amener sa propre tenue (ou une tenue sportive), tout étant fourni, du casque aux chaussures et surtout un vélo LOOK alu en mode pignon fixe.
Ceux qui roulent en pédales LOOK Keo peuvent prendre leurs propres chaussures s’ils le souhaitent.
Rv donc aux vestiaires situés dans les sous-sols du vélodrome de St Quentin pour se changer et ensuite démarrer par un briefing en règle sur la conduite du baptême et les règles à respecter pour en profiter.
Car on a beau savoir pédaler depuis des années sur nos routes de Chevreuse et de France, il faut savoir rester humble et oublier ses repaires de routard pour aborder la piste…
Car s’engager sur un virage à 45 degrés et pédaler en prise avec son pignon fixe nécessite équilibre et dextérité.
Selon les créneaux horaires, vous aurez l’occasion de vous faire encadrer par un champion français actuel, dans mon cas c’est Quentin Lafargue (1m83 et presque 100kg de muscle !) médaillé de bronze en 2015 aux Mondiaux de St Quentin et aux JO de Londres en vitesse et au kilo respectivement qui va nous accompagner, rien que ça !
Premier brief donc au centre de la piste (c’est plat certes mais pas grand !) pour monter sur sa machine et faire quelques lâchés de barre (on se tient sur une barrière métallique) et tourner les pédales avant de se lancer sur la piste pour simuler les phases de démarrage et de retour, on se croirait à l’école du cirque.
Ensuite, on va se mettre à la queue leu leu sur la côte d’Azur et commencer à tourner d’abord lentement puis de plus en plus vite avant d’attaquer ce fameux virage à 45…
Car ne comptez pas passer ce virage sans acquérir un minimum de vitesse, sous peine de voir ses roues décrocher, glissade assurée sur les lattes de bois exotique.
A 25, on serre les fesses tellement on a peur de glisser donc ne pas hésiter à appuyer sur les pédales à + de 30… Quand à doubler le cyclo devant soit, cela demande une grosse débauche d’effort, on comprend mieux la difficulté à dépasser quelqu’un qui aborde le virage à la corde, tant qu’on est dans l’aspiration c’est nickel mais ensuite… Idem pour se mettre en danseuse, vraiment pas évident avec le pignon fixe, on se rassoit rapidement pour tenir le rythme et encore une fois, n’est pas équilibriste qui veut sur un fixie…
Mais c’est grisant, on prend de l’assurance au fil des tours et également de la vitesse ; par contre on a vite les grosses cuisses et la gorge sèche ; l’air est sec en ce jour de juillet et je n’ai pris de quoi boire.
C’est à ce moment-là du baptême que je me rends compte que les pistards sont des êtres aux capacités physiques surhumaines… Au final on va tourner au max 30 minutes mais tout le corps est en prise avec le vélo et dans un moment de relâchement, je manque de chuter en oubliant de tourner les jambes… Surtout rester concentré jusqu’au bout ! Et je ne suis même pas un novice, ayant possédé il y-a quelques années un fixie que je sortais sur Paris pour mes petits déplacements…! En gros, on est vite fatigué par ce baptême.
Enfin grisé par la vitesse, il faut hélas redescendre sur la côte d’Azur et rendre notre joujou LOOK et terminer par un debrief puis récupérer un petit diplôme papier pour marquer le coup.
L’envie m’effleure de continuer après ce baptême qui permet ensuite de tourner sur des créneaux horaires de la semaine réservés aux débutants (c’est comme tourner à Longchamp ou Vincennes mais en faisant une résa via internet avant car le nombre de participants est forcément limité à chaque session) pour s’entraîner avec une machine de prêt ou sa propre machine et gravir les niveaux de pistard.
Seul problème, il faut habiter pas loin de St Quentin et pour ma part j’ai facilement 1h de RER de chez moi pour y aller… Finalement, ayant quitté ma mission chez Renault fin 2017, je n’aurais pas eu l’occasion d’y retourner…
Foncez donc sur cette magnifique piste qui sera l’un des sites majeurs des prochains JO de 2024 et n’hésitez pas aussi à aller aux compétitions organisées pour y soutenir nos champions français car le chemin sera encore long et difficile d’ici les qualifs pour les JO.
La relève surtout côté filles semble assurée avec un diamant brut nommé Mathilde Gros, championne d’Europe 2018 en keirin et bronze en vitesse à 19 ans à peine…! On lui prédit le meilleur avenir malgré sa déconvenue des mondiaux mais il lui reste encore 5 bonnes années pour parvenir au top pour décrocher le graal aux prochains JO en France et rejoindre Ballanger et Rousseau sur les tablettes, c’est tout la mal qu’on souhaite à la belle!
Quentin Lafarge… Médaillé de bronze aux Mondiaux de 2015.