
Ayant testé il y-a +5 ans les 202 en version boyaux (donc du très léger mais donc résa à la montagne), j’avais été peu convaincu par leur rigidité surtout par rapport à la comparaison que je faisais avec mes roues CORIMA, ma référence pour un poids de moins de 1300g (voire proche des 1200…) Mais depuis, Zipp a revu sa copie, des moyeux plus fiables, des jantes dodues et un rayonnage qui apporte plus de tension à ses roues…
Voyons ce que donnent les « Rolls » de la roue (en triathlon, ils trustent les podiums sur les IM) en version Firecrest (des trous façon balle de golf sensés améliorer la pénétration dans l’air et des tests en soufflerie pour lancer le concept NSW…) les 303 en boyaux, les 808 et 454/854 NSW en pneus; ces dernières étant les roues que les coureurs de la Movistar utilisaient jusqu’à présent avant de passer en freinage disque.
Firecrest 808 ou le 85 mm à l’honneur!

On touche ici à la crème de la roue juste avant que Zipp aille jusqu’au bout du concept et sortent les versions NSW mais l’essentiel est là : concept Firecrest avec une surface recouverte de trous façon balle de golf et la fameuse piste de freinage Showstopper qui avec des patins adaptés (fournis par Swisstop) est sensée freiner aussi bien voire mieux qu’une piste alu.
Premier constat, les roues sont lourdes (certes à pneus) mais sont bien sûr orientées pour du plat et moyennement vallonné. On approche les 2kg à vide… Mais est-ce que le poids à de l’importance quand on cherche à optimiser son inertie…?
- finition : au top, quasi parfaite; seule réserve (surtout à ce prix), pourquoi coller des stickers sur la surface « balle de golf » et ainsi perdre une partie des avantages données en terme d’aéro par la jante…? Mais ceci sera corrigé sur les versions NSW mais à quel prix…
- les moyeux et rayons : la marque a corrigé les défauts en terme de rigidité et fiabilité des roulements des 1ères et secondes générations… Ouf! et ce « clic clic » ou plutôt « frou frou » de la roue libre… Beaucoup moins bruyant et agréable à l’oreille.
- la jante : dodue! Une tendance générale pour toutes les marques mais du coup de l’embonpoint en périphérie et un choix de pneumatiques en 25 a minima et 28 pour optimiser le Cx (du moins c’est ce que nous ont vendu ces mêmes marques…)
- le look : en tickets noirs, cela fait effet « Stealth » donc discret et sobre mais tendance. En blanc dispo aussi.
Passons au test dynamique… Sur l’anneau de Vincennes.
Sous les 30, peu de différences avec des roues de profil inférieur mais au dessus, on entre dans une autre sphère et même en dessous (j’ai effectué quelques tours avec ma femme qui roule plus à 20-25) on sent que la qualité des roulements et l’inertie nous donne un gain de watts dès le début (ma femme pédalait et moi pas à 20 à l’heure…)
Ensuite je suis passé aux choses sérieuses en accrochant un groupe roulant à 40 et là c’est un vrai plaisir, tout comme les relances, faciles. Alors je ne suis pas allé jusqu’au moment où les jambes vous lâchent pour savoir si l’on reste ensuite planté dans la pampa mais je réserve ces roues pour ma prochaine participation à un tri longue distance (quand cela reprendra…)
Bilan : certes c’est cher mais pour quelqu’un qui roule vite ou cherche à équiper son vélo de triathlon (même pour du M), c’est le top. Je vais voir si le passage sur le haut du panier en NSW fait vraiment gagner encore des Watts ou si l’on atteint la sphère des gains marginaux (cela dit je vais avoir du mal à mesurer ce gain… Je vais le faire avec mon capteur de puissance…)
Donc pour gros rouleurs et également fortunés mais Zipp n’a jamais équipé des vélos de gamme moyenne et ce n’est pas Valverde qui me contredira… Lui qui pour ses dernières saisons roule Canyon et roues Zipp!
Firecrest 454/854 NSW
Alley, on teste la crème cette fois-ci, car hormis les Leightweight hyper fragiles et élitistes en terme de prix, j’ai en main ce qui se fait de mieux de l’autre côté de l’Atlantique chez l’ami ricain… Les jantes sont réalisées à la Mano et nécessitent une journée de travail manuel et explique le prix prohibitifs de ces roues.
On est en dessous de 4000 sur la paire, voire au dessus des 3000 dans les meilleures officines… Le prix d’un très bon vélo diront certains mais quand on connait l’importance de ce poste d’équipement, on se dit que pour un compétiteur c’est env 50% du budget total de sa monture.
Déjà le carton que je reçois avec cette roue mérite le détour, un modèle de design… Ensuite les housses épaisses, les accessoires au complet… Tout est XXL et c’est tant mieux. Fini les stickers, on a une gravure au laser de la marque… Classe sur cette robe noire… La force est avec moi (the force is with me diront certains fans de Star Wars!)
On est bluffé aussi par cette finition à tous les niveaux, des moyeux noir mat qui tournent sur bain d’huile, des rayons fins mais profilés et costauds…
Mais fini la contemplation, il faut les faire rouler…
Test dynamique :
D’abord sur du plat, l’anneau de Vincennes; ça roule bien forcément; difficile de quantifier l’aéro et l’effet de cette structure de surface type balle de golfe mais malgré leur poids conséquent (vu le profil haut et le fait d’être chaussé en pneus de 25 certes du haut de gamme de chez Vittoria), l’inertie joue à fond dans les performances de ces roues pour rouler même sur des routes vallonnées mais pas trop, je le verrai ensuite dans les routes plus cassantes du Perche…
Alors plat et faux plats, autant le dire, ça envoie…!
Mais ensuite, dès qu’on dépasse les 500D pour 50km, faut l’avouer, ça coince… Elles nous rappellent à notre chère attraction terrestre, c’est lourd et difficile à relancer… Sur les raidards à +10%, je suis planté… Même avec mes 60km et mon Lapierre Xelius, pourtant estampillé vélo de grimpette, je n’avance plus.
Pour vérifier cet état de fait (on sait jamais, un jour sans…) j’ai chaussé mes Corima à boyaux Michelin Service Course de 32 mm de haut (voire moins à l’avant car je possède une roue Winium…) et là c’est un autre monde, le vélo bondit et gicle si besoin, même au-delà des 15%… On en trouve dans le Perche, de ces raidards qui même s’ils ne durent pas longtemps sont usant sur une sortie de 80-100km…
Test sur un triathlon type S : on aime le bruit de ces roues, faites pour rouler vite mais qui nécessite quand même d’envoyer du watt; il y avait 3 raidars sur le parcours, c’est passé pour sur du col, mieux vaut passer à du 303, moins haut et à boyaux. Mais un sacré rendement pour qui peut rouler au-delà des 35-40 en solo…
Bilan : en demi-teinte; je pensais ces roues plus polyvalentes; au final je ne les sortirais que pour rouler sur des régions au profil « moyen »; jusqu’en vallée de Chevreuse, ça passe; au-delà, gaffe au coup de bambou ou alors il faudra mouliner sur un petit braquet au risque de rentrer avec les warning… 🙂
Donc usage assez exclusif et pour rouleurs fortunés en somme…! Mais un objet de toute beauté, depuis copié par d’autres fabricants… Pour l’anecdote, le profil de cette jante s’inspire du monde du vivant, en l’occurence, les baleines à bosse…!
Ce profil est sensé pénétrer dans l’air quelque soit la direction du vent… Vu le prix, on peut les croire et surtout penser que les tests en soufflerie ont été poussés à leur maximum!
Firecrest 303 mais à boyaux : le crépuscule de la roue de compétition…
Le pneu malgré quelques tentatives n’a jamais pu « percer » dans le milieu pro mais cela c’était avant l’arrivée du tubeless… D’abord en clm puis maintenant dans les courses en ligne et depuis que notre champion du monde se targue d’utiliser des pneus type flancs en coton de son sponsor. Les mesures le prouvent, pneu et surtout tubeless seraient plus performants mais alors pourquoi les trouve-t-on si peu présents chez les pros? Ou encore à 50% en 2022… En tout cas, la brèche est ouverte mais sur des épreuves spécifiques comme les pavés ou les clm… Et les sponsors commencent tout comme ce qui s’est passé pour le freinage disque à mettre la pression…!
Mais revenons sur notre jeu de roues à boyau, l’essence de la roue depuis plus d’un siècle et encore présent dans les montages light et donc sur les vélos pro.
Pourquoi j’en suis fan alors que je ne les ai que rarement utilisés en épreuve; d’abord un choc quand je me suis monté une paire de Corima avec les boyaux Michelin Service Course en 24 mm de section; c’est comme les pneus de F1 et les pneus de monsieur tout le monde, le jour et la nuit, l’équation confort – adhérence et rendement résolue… L’usure même est identique aux pneus hauts de gamme et c’est beaucoup de poids en rotation en moins surtout (additionnez la paire de chambres à air, les crochets des jantes, les fonds de jante et les tringles d’un pneu) donc le nerf de la guerre pour qui cherche la performance.
La jante reprend les concepts chers à Zipp avec cette surface « balle de golf » et la piste de freinage showstopper et toujours ces stickers posés qui gâchent un peu la fête…
Elles sont moins dodues que les versions à pneu et permettent de garder des sections en dessous des 27/28 qui deviennent la norme sur les tubeless et pneus à présent.
J’y ai collé des boyaux VITTORIA, pas la haut du panier (les CORSA) mais juste en dessous, avec chambres butyls qui gardent la pression mais une gomme assez similaires (les RUBINO PRO en 25).
Le collage et centrage avec la colle de la marque (Mastik) est rapide et parfait, c’est impressionnant de facilité et peut réconcilier quelqu’un qui était allergique au pinceau et au pot de colle… Juste enlever le surplus avec de l’acétone et 24h de séchage pleine pression et c’est parti!
Test dynamique: ah le boyau… Je suis pas sur du Michelin mais le bruit sur l’asphalte est doux à mon oreille… On sent le dynamisme, le poids light et dès que ça s’élève, on gicle et envoie les watts sans quasi de limite… C’est pas le duo Corima/Michelin mais on s’y approche… Et ça change le comportement de mon vélo en bambou du tout au tout… C’est simple, j’ai fini la saison avec cette monture dans le Perche où les sorties permettent de faire des sorties avec de bons dénivelés…
Bilan : moins techniques, à boyaux et moins chères, je les trouve au top en terme de prix, rendement et poids… Une demi-surprise même si dans quelques années elles auront pris un coup de vieux car à boyaux et surtout à freinage patins… Mais en bon quinquagénaire (ou presque) j’assume mes goûts d’esthètes du vélo…